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d’amérique sur l’europe.

dont il a besoin, une denrée qui ne se renouvelle pas, serait au bout d’un certain temps dans l’impossibilité de faire cet échange.

Mais la manière dont l’échange se fait n’est pas indifférente, 1° Supposons qu’un pays qui n’a pas de mines abondantes achète en argent des marchandises d’un autre, il est clair qu’il faut qu’il ait vendu à un troisième des marchandises pour de l’argent ; ainsi, pour faire cet échange réel de marchandises contre marchandises, il a fallu payer deux fois le profit du commerçant ; on ne le payerait qu’une fois si l’échange était immédiat, ou, en d’autres termes, le négociant qui gagne sur ce qu’il achète et sur ce qu’il vend peut se contenter d’un moindre profit. Voilà donc, pour la masse des citoyens, une épargne de frais inutiles. Il n’est donc pas indifférent de payer les mêmes denrées en marchandises ou en argent ; et, toutes choses égales d’ailleurs, il est plus avantageux de les payer en marchandises.

2° Il est plus avantageux à un pays d’exporter les denrées dont la culture exige le plus d’avances, proportionnellement au produit net, et dont la production est plus irrégulière, plus exposée à des accidents ou à l’intempérie des saisons. Le commerce étranger est un moyen d’en assurer le débit dans les années d’abondance, et de rendre moins précaire l’existence des entrepreneurs de culture. Ainsi, par exemple, il est plus avantageux d’exporter du vin que du blé, des bois, etc.

3° Il est plus avantageux d’exporter des denrées brutes, parce que, pourvu que la liberté soit entière,