Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
l’influence de la révolution

peuvent s’accroître sans influer sur la quantité du produit net des terres, et par conséquent sur la richesse réelle.

Ces deux avantages, celui de l’importation plus avantageuse ou plus sure des denrées, celui d’une exportation plus étendue, peuvent paraître se confondre, parce que l’un ne peut guère exister sans l’autre. Mais nous les distinguons, parce que le premier a pour objet direct l’augmentation du bien-être, et le second l’augmentation de la richesse. Il faut observer de plus, que la production ne peut augmenter dans un pays par le commerce d’exportation, sans qu’il ne résulte de cette surabondance de denrées un moindre danger d’en manquer.

On peut compter encore parmi les avantages du commerce étranger, ceux qu’une nation retire de son industrie, de son habileté dans le négoce. C’est ainsi qu’un peuple qui n’habiterait qu’un rocher et qui aurait quelques capitaux, pourrait vivre et même augmenter ces capitaux, en recevant chaque année, pour prix de son travail ou de ses spéculations de commerce, une portion du revenu territorial d’une autre nation.

Ce troisième avantage, le premier de tous pour un petit peuple livré uniquement au commerce et à l’industrie, est presque nul pour les grandes nations qui occupent un vaste territoire.

Le commerce se fait toujours par échange, et par échange de matières qui se renouvellent chaque année ; autrement il ne pourrait être durable, puisque le peuple qui échangerait tous les ans contre une denrée