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l’influence de la révolution

pelions ici, sans la crainte de paraître nous ériger en juges du génie, en appréciateurs des nations et des découvertes.

On sera peut-être surpris de me voir placer ici quelques découvertes, quelques inventions et le progrès de nos connaissances à côté de ces grands objets, la conservation des droits de l’humanité, le maintien de la paix, et même avant les avantages qui peuvent résulter du commerce.

Mais, occupé à méditer depuis longtemps sur les moyens d’améliorer le sort de l’humanité, je n’ai pu me défendre de croire qu’il n’y en a réellement qu’un seul : c’est d’accélérer le progrès des lumières. Tout autre moyen n’a qu’un effet passager et borné. Quand même on avouerait que des cireurs, des fables, des législations combinées, non d’après la raison, mais d’après les préjugés locaux, ont fait le bonheur de quelques nations, on serait forcé d’avouer aussi que partout, ce bien trop vanté a disparu en peu de temps, pour faire place à des maux que la raison n’a pas encore pu guérir après plusieurs siècles. Que les hommes soient éclairés, et bientôt vous verrez le bien naître, sans effort, de la volonté commune.


CHAPITRE IV.

Du bien que la révolution d’Amérique peut faire par le commerce à l’Europe et à la France en particulier.

Nous n’avons presque considéré jusqu’ici que des