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d’amérique sur l’europe.

par abréviation, tandis qu’il le prononçait, ou qu’il fut retenu de mémoire, peut-être mot pour mot, par la personne qui l’a communiqué.

« Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Nous avons discuté chaque objection qu’il était possible de prévoir. Avec tant d’intérêts, si différents et si opposés, il était impossible que chacun obtînt tout ce qu’il désirait. Nous nous sommes assemblés avec l’intention de faire des sacrifices mutuels pour le bien général, et nous sommes enfin venus à bout de nous concerter, et d’établir des bases. On ne gagnerait rien à temporiser, et il est important d’adopter un plan. J’avoue que celui-ci ne cadre pas en tout avec mon opinion ; mais je vis depuis assez longtemps pour avoir appris par expérience que nous ne devons pas trop compter sur nos propres jugements. J’ai souvent reconnu que je m’étais trompé dans les idées auxquelles je tenais le plus. Dans la présente conjoncture, je me suis départi, après une mûre réflexion, de plusieurs points, en faveur desquels je me croyais invariablement décidé. Cela me rend moins opiniâtre pour le reste. Je puis m’être trompé. Le principe général qui a présidé à nos délibérations fait maintenant ma règle. Je le répète : il est certains articles auxquels je suis contraire, et j’ai déjà fait connaître mes doutes, mais je déclare que, hors de ces murs, personne ne m’en entendra parler ; d’ailleurs je pense qu’au total, la constitution proposée est la meilleure qu’on pouvait former dans les circonstances actuelles, et qu’elle doit sortir d’ici, munie de la signature de chacun de nous, et recevoir