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divers établissements, il faut une instruction où ces maîtres se puissent former. Oserez-vous la livrer au hasard ? Y trouverez-vous de l’économie ? Non ; car si vous ne payez pas les professeurs qui formeront ces maîtres d’écoles primaires, ces instituteurs dans différents genres, vous serez obligés de les payer eux-mêmes plus chèrement.

Il y a plus : s’ils ont été instruits dans une institution publique, si l’on connaît ce qui leur a été enseigné, ce qu’ils ont dû apprendre, il devient plus facile de les juger ; si l’on ne sait ce qui leur a été enseigné, il faut examiner non seulement leur capacité, mais leur doctrine.

On craint les corporations savantes ! Mais si on observe avec attention les reproches qu’on a pu faire à celles qui ont existé, on voit que les faits sur lesquels ces reproches sont fondés ont pour cause, soit une intolérance religieuse ou politique qui n’existe plus, soit une sorte de privilège exclusif maladroitement attaché à ces corporations ; soit, enfin, les anciens vices de ces institutions, que tous les bons esprits ont sentis, et qu’il est facile d’éviter.

Pour juger ces corporations d’après l’expérience, il ne faut d’abord considérer que celles qui ont eu pour objet la culture des sciences mathématiques et physiques, considérées comme objet de spéculation, parce que ce sont les seules qui ont joui jusqu’ici de quelque indépendance ; et si on parcourt les recueils publiés par ces corporations, on verra combien, en attachant aux sciences quelques hommes à qui la médiocrité de leur fortune n’aurait pas permis de