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seulement ce serait abuser du revenu public que d’en multiplier le nombre, mais si on le multipliait assez pour rendre la concurrence impossible, on gênerait la liberté que chacun doit avoir de choisir pour lui-même. Si alors l’utilité commune ordonne à la puissance publique d’agir, le respect pour la liberté lui prescrit de régler son action de manière à n’offrir que des avantages volontaires, à ne pas se considérer comme dépositaire de l’autorité ou de la force nationale, mais à se conduire comme un particulier riche, à qui le sentiment d’une bienfaisance éclairée inspirerait de vastes plans d’institutions publiques, et qui n’a pas le droit de leur donner, même indirectement, une existence exclusive.

L’instruction doit être mise dans cette dernière classe d’établissements, non seulement parce qu’il est nécessaire de conserver aux parents une véritable liberté dans le choix de l’éducation qu’ils doivent à leurs enfants, mais aussi, comme je l’ai déjà observé, parce que l’influence exclusive de tout pouvoir public sur l’instruction est dangereuse pour la liberté et pour le progrès de l’ordre social. Il faut que la préférence donnée à l’instruction établie ne soit, autant qu’il est possible, que l’effet de la confiance. Je dis autant qu’il est possible, parce qu’il n’est pas moins nécessaire que cet établissement suffise à tous les besoins de la société.

Maintenant, en examinant les détails du plan proposé, on voit d’abord que la gêne imposée aux pères de famille se borne, pour la première éducation, à choisir sur une liste des maîtres assujettis eux-mêmes à une