Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui doit décider du plus ou du moins d’importance qu’il convient de leur donner ; et c’est autant comme moyen de bonheur pour les individus que comme des ressources utiles à la société qu’il faut les envisager. En même temps cette occupation, quoique bornée même au simple amusement, ne serait pas cependant une occupation frivole, parce que dans plusieurs de ces sciences, et peut-être dans toutes, une partie de leurs progrès dépend aussi du nombre de ceux qui les cultivent. Que cent hommes médiocres fassent des vers, cultivent la littérature et les langues, il n’en résulte rien pour personne ; mais que vingt s’amusent d’expériences et d’observations, ils ajouteront du moins quelque chose à la masse des connaissances, et le mérite d’une utilité réelle honorera leurs sages plaisirs.

III. DES MAÎTRES.

Leur état doit être permanent.

La fonction d’enseigner suppose l’habitude et le goût d’une vie sédentaire et réglée ; elle exige dans le caractère de la douceur et de la fermeté, de la patience et du zèle, de la bonhomie et une sorte de dignité ; elle demande dans l’esprit de la justesse et de la finesse, de la souplesse et de la méthode. On sait pour soi tout ce qu’on peut se rappeler avec un peu d’étude et de réflexion ; il faut avoir toujours présent à l’esprit ce qu’on est obligé de savoir pour les autres. Je n’ai besoin pour moi-même que d’avoir