Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riter la bienveillance et l’estime. Je voudrais donc que les enfants des familles riches fussent aussi, lorsqu’ils le mériteraient, élevés aux dépens du public, que les parents ne vissent dans ce choix qu’une distinction honorable. Jamais les avantages pécuniaires ne peuvent être regardés comme humiliants en eux-mêmes, sinon par une vanité d’autant plus ridicule que, si on y réfléchit bien, on verra qu’elle est celle de la richesse. Un homme que sa fortune met au-dessus du besoin et même du désir d’augmenter son aisance n’a jamais dépensé son revenu pour lui seul. S’il est généreux, s’il ne se borne pas aux jouissances personnelles, une partie de sa richesse est nécessairement employée à ces dépenses utiles qu’inspirent l’esprit public ou la bienfaisance ; et ce qu’il recevrait de la nation ne ferait qu’étendre cet emploi respectable de sa fortune. À la vérité, en ne se bornant point à choisir dans les familles pauvres, on encouragera un moindre nombre des talents que le hasard exposait à être négligés ; mais la préférence, à un mérite égal, sera toujours pour le pauvre ; et d’ailleurs, le nombre de ceux à qui on donnera ces secours et qui pourraient s’en passer, sera dans une proportion trop faible pour qu’on doive sacrifier à l’avantage d’instruire quelques enfants de plus, celui de maintenir dans l’instruction une égalité plus entière.

Troisième degré d’instruction.

Je passe maintenant au troisième degré d’instruc-