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dans le reste de la vie, d’une utilité journalière. En formant le plan de ces études, comme si elles devaient être les seules, et pour qu’elles suffisent à la généralité des citoyens, on les a cependant combinées de manière qu’elles puissent servir de base à des études plus prolongées, et que rien du temps employé à les suivre ne soit perdu pour le reste de l’instruction.

En unissant, comme on l’a proposé, la lecture à l’écriture, en présentant les premières idées morales dans des histoires qui peuvent n’être pas sans intérêt, en mêlant à l’étude de la géométrie l’amusement de faire tantôt des figures, tantôt des opérations sur le terrain, en ne parlant, dans les éléments d’histoire naturelle, que d’objets qu’on peut observer, et dont l’examen est un plaisir, on rendra l’instruction facile ; elle perdra ce qu’elle peut avoir de rebutant, et la curiosité naturelle à l’enfance sera un aiguillon suffisant pour déterminer à l’étude. On sent combien il serait absurde de s’imposer la loi de faire entendre aux enfants à quoi chaque connaissance qu’on leur donne peut être bonne ; car s’il est quelquefois rebutant d’apprendre ce dont on ne peut connaître l’utilité, il est le plus souvent impossible de connaître, autrement que sur parole, l’utilité de ce qu’on ne sait pas encore. Mais la curiosité n’est pas un de ces sentiments factices qu’il faille éloigner de l’âme neuve et faible encore des enfants. Elle est, bien plus que la gloire, le motif de grands efforts et des grandes découvertes. Ainsi, bien loin de s’étudier à l’éteindre, comme l’a quelquefois conseillé, non