seront toujours suffisants au soutien du peuple, et son travail, ainsi que sa subsistance, toujours assurés. Il montre enfin que la liberté du commerce des grains est également utile aux propriétaires, aux cultivateurs, aux consommateurs, aux salariés ; que plus une denrée est nécessaire, plus son commerce doit être libre ; et que les lois prohibitives, injustes envers ceux contre qui on les a faites, loin d’être excusées par la nécessité, ou même par l’utilité, sont nuisibles et funestes à ceux dont l’intérêt en a été le prétexte. Il rassure contre la crainte des effets d’une liberté absolue, en faisant voir que les désordres, les troubles, les séditions, la famine, sont l’ouvrage de ces mêmes lois établies pour les prévenir ; que ces lois sont la seule cause de la durée des disettes réelles, la seule cause du défaut de secours du commerce, la seule origine des préjugés, des terreurs et des violences du peuple.
Malheureusement trois de ces lettres n’existent plus ; mais celles qui restent, en excitant de justes regrets, forment cependant un monument précieux, qui peut-être sera un jour le salut du peuple, lorsque le temps, qui éteint les préventions de la haine personnelle et de l’esprit de parti, aura donné au nom de M. Turgot l’autorité due à son génie et à ses vertus.
Ces lettres furent composées en trois semaines, pendant une tournée de M. Turgot dans son intendance. Quelques-unes ont été écrites dans une seule soirée, au milieu de l’expédition de tous les détails de sa place, dont aucun n’était négligé ; et parmi les ouvrages qu’il a laissés, c’est un de ceux où l’on