dévouera l’erreur, on place quelquefois les femmes et les enfants. Quant aux femmes, comme il n’y a de différences entre elles et nous que celles qui tiennent au physique de leur sexe, l’idée qu’il faut les soumettre à des erreurs dont les hommes peuvent s’affranchir, ne peut être soutenue que par ceux qui veulent être leurs tyrans ; et les principes que nous avons exposés ci-dessus prouvent que dans ce cas l’erreur n’est utile ni aux hommes ni aux femmes.
La plupart des parents croient bien faire de tromper les enfants sur les motifs qui doivent régler leurs actions ; mais pourquoi des parents veulent-ils donner à leurs enfants des motifs dont eux-mêmes connaissent la fausseté ? Est-ce pour leur conduite dans l’enfance ? Non, sans doute. Cette habitude des bonnes de remplir la tête des enfants de terreurs puériles, pour les conduire plus aisément, est bannie de toute éducation raisonnable.
Ce n’est point pour l’âge mur : car alors les parents doivent croire que les principes qui leur restent à eux-mêmes sont suffisants pour être honnêtes ; et s’ils ne le croient pas, ils ne doivent point penser qu’il importe à leurs enfants d’en avoir d’autres. Autrement, ils ne voudraient les rendre meilleurs qu’eux, que pour en faire des dupes. Reste donc l’espace de temps qui sépare l’enfance de l’âge mûr, le temps des passions et des faiblesses, temps pour lequel on craint que la raison seule ne soit trop faible : or, cet espace est précisément celui où les jeunes gens sentiront la contradiction qui règne entre leurs penchants