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Vie de M. turgot.

et importantes, sont les seuls que M. Turgot ait donnés dans rl'Encyclopédie. Il en avait préparé d’autres ; et comme un article de dictionnaire, quelque important qu’il soit, n’exige point qu’on forme un plan étendu, qu’on remonte jusqu’aux premiers principes, qu’on approfondisse toutes les parties d’un objet, qu’on en examine tous les détails ; cet esprit d’ordre et de combinaison, cet amour pour la perfection, qui a empêché M. Turgot d’achever de grands ouvrages, n’eût servi qu’à rendre meilleurs ces traités détachés, qui n’auraient paru élémentaires ou incomplets qu’à lui seul.

Mais les persécutions suscitées contre l’Encyclopédie empêchèrent M. Turgot de continuer à y travailler. Personne ne le soupçonnera d’avoir abandonné la cause de la raison ou des lumières par ambition ou par faiblesse. Jamais homme n’a professé plus franchement et plus constamment le mépris pour les préjugés, et l’horreur pour les obstacles qu’on essaye d’opposer aux progrès de la vérité.

Il avait un autre motif. On était parvenu à faire passer l’Encyclopédie pour un livre de secte ; et, selon lui, c’était en quelque sorte nuire aux vérités qu’on devait chercher à répandre, que de les insérer dans un ouvrage frappé de cette accusation, bien ou mal fondée.

Il regardait toute secte comme nuisible. En effet, soit que l’ambition de dominer sur les esprits l’ait formée, soit que, comme celle qui a reçu le nom d’encyclopédique, elle doive son origine à la persécution qui force les hommes à se réunir ; du moment