maux qui naitront pour nous et pour les autres d’une mauvaise action ; ce ne serait pas une erreur, mais une manière plus forte, plus rapide, plus entière de voir la vérité. Ainsi, ce ne serait pas tromper les hommes que de les disposer à cet enthousiasme. Or, de pareils motifs fondés sur la constitution de l’homme, sur ses passions, seront moins oubliés, et agiront plus constamment que les motifs erronés ; et ils peuvent agir sur un plus grand nombre d’hommes. On ne perd point cet enthousiasme, comme on perd celui qui est fondé sur l’erreur, en découvrant la vérité : on ne le perd que lorsque les passions s’éteignent, et ce motif d’être vertueux ne s’affaiblit qu’avec l’intérêt de ne l’être pas.
L'objection qu’il faut un frein aux crimes secrets, n’en est pas une. En effet, 1o la crainte de la honte, portée jusqu’à l’enthousiasme, ne permet guère de regarder comme sûrement cachée aucune action vraiment criminelle, et la certitude du secret le plus impénétrable ne sauve pas un coupable du sentiment pénible qui précède le crime, et de la terreur des remords qui le suivent. 2o Les crimes cachés qu’une grande passion a intérêt de faire commettre sont très-rares, dépendent de combinaisons singulières ; et ainsi en supposant que l’enthousiasme de la peur soit plus fort que celui des passions, et que la crainte des remords ne puisse le remplacer, les occasions où cette frayeur serait utile sont si rares, que les inconvénients de ces motifs erronés l’emportent de beaucoup sur leurs avantages. Nous n’avons pas besoin de prouver que ces motifs erronés n’empêchent