mérite plus de nous occuper. Nous n’examinons point si la vérité est toujours utile aux tyrans, mais si elle l’est aux peuples.
Nous aurions eu trop d’avantage si nous avions voulu admettre cette proposition, qu’il existe une règle morale de justice à laquelle il est utile au genre humain que les hommes se conforment, et même à laquelle il est avantageux à chaque homme de se conformer dans sa conduite.
Que cette règle ait pour base ou l’intérêt uniquement, ou l’intérêt uni à un sentiment naturel, suite nécessaire de l’organisation, ou un sens moral, ou une loi fondée sur la nature des choses à laquelle un être éternel a donné sa sanction, ou enfin la volonté libre de cet être éternel ; la conclusion qu’on peut tirer ici de l’existence de cette loi restera toujours également vraie. Il nous suffit même que cet intérêt qu’a l’homme d’être vertueux existe dans la plupart de nos actions, et il n’est pas nécessaire de supposer qu’il existe dans toutes.
Ainsi, la supposition de cette règle morale pourrait être regardée comme constante, sans déroger à la loi que nous nous sommes imposée, de n’admettre comme vraie aucune opinion particulière. Mais nous avons vu qu’il n’est pas même nécessaire d’admettre cette proposition pour pouvoir conclure que l’avantage général du genre humain, d’une nation, d’un corps d’hommes, est de connaître la vérité sur les objets généraux de la société, quelle que soit cette vérité.
Nous pouvons donc conclure généralement qu’il