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Vie de M. turgot.

pétuelles sont dangereuses, M. Turgot prouve que celles qui existent ne doivent être respectées qu’aussi longtemps qu’elles sont utiles, et que l’autorité publique tire de la nature même des choses un droit légitime de les changer. Le droit de propriété d’une terre ou d’une denrée est fondé sur la nature ; et la conservation de ce droit est le motif principal de l’établissement de la société. La propriété des fondations, au contraire, et toutes les autres de cette espèce, n’existent que par le consentement de l’autorité, et le droit de les réformer ou de les détruire lorsqu’elles deviennent inutiles ou dangereuses, est une condition nécessaire de ce consentement. L’idée de tout établissement perpétuel renferme nécessairement celle d’un pouvoir qui ait le droit de le changer. Ainsi la nation seule est le véritable propriétaire des biens qui appartiennent à ces fondations, et qui n’ont été donnés que par elle et pour elle. M. Turgot ne développe pas les conséquences de ces principes que tous les bons esprits ne pouvaient manquer d’apercevoir et d’adopter : il pensait qu’il y avait des circonstances où il fallait laisser au public le soin de l’application ; et il lui suffisait d’avoir posé en peu de mots, dans cet article, les vrais principes d’après lesquels on doit déterminer, pour un objet si important, la limite, encore si peu connue, où finit le droit naturel, où commence celui de l’autorité législative, et indiqué en même temps les règles qui doivent la guider dans l’exercice de ce droit.

Ces cinq articles, qui appartiennent à des genres différents, dont chacun renferme des vues neuves