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DISSERTATION
PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE
ou
RÉFLEXIONS SUR CETTE QUESTION :
S’IL EST UTILE AUX HOMMES D’ÊTRE TROMPÉS ?
1790[1].
O vérité, vierge pure et sacrée,
Du fond du puits quand seras-tu tirée ?

On demande s’il peut être jamais utile au peuple d’être trompé, soit qu’on lui donne des erreurs nouvelles, soit qu’on l’entretienne dans celles qu’il a déjà ?

Cette question ne pouvait être proposée que dans un pays ou libre, ou soumis à un roi, qui n’ait pas besoin, pour être respecté de ses peuples, qu’ils soient asservis à des préjugés.

I. Des erreurs nouvelles sont-elles utiles au peuple ?

II. Lorsqu’on a établi par la raison des vérités destinées à servir de règle morale à nos actions, est-il utile au peuple d’appuyer ces vérités par des erreurs, sous prétexte qu’il est plus aisé de lui faire adopter

  1. Ces réflexions, destinées, en 1779, pour une académie, n’avaient jamais vu le jour. On les donne ici sans aucun changement.