Cette page n’a pas encore été corrigée
338
lettres d’un théologien, etc.
respirer. Du moins le dernier de vos crimes n’est-il pas resté sans vengeance. Les assassins de la Barre[1] qui vous avaient vendu le sang de l’innocent, ont été punis, et leurs confrères, qui avaient eu la lâcheté de souffrir ces monstres au milieu d’eux, ont justement partagé leur punition. »
Je vis bien que c’était là un philosophe déguisé, je ne lui répondis rien ; mais je l’allai dénoncer. Puisse-t-il se tromper !
Adieu, Monsieur, adieu pour jamais ; je vous souhaite une place dans le paradis entre saint Cucufin et saint Dominique l’encuirassé.
- ↑ Jeune gentilhomme de seize ans, condamné à être décapité, après avoir subi la question et avoir eu la langue coupée, comme atteint et convaincu d’avoir chanté une chanson contre la Madelaine devant une tourrière, et comme véhémentement suspecté d’avoir donné des coups de canne à un crucifix. Les MM. Pasquier et Saint-Fargeau ont été regardés comme les auteurs de ce jugement atroce. L’évêque d’Amiens et le clergé d’Abbeville avaient préparé cette scène sanglante par une farce religieuse, en faisant une procession, la corde au cou, pour demander pardon à Dieu des coups de bâton qu’on avait donnés à son image. L’évêque s’en est repenti ; mais il avait fait amende honorable pour une insulte faite à un morceau de bois, et il n’en fit pas pour l’assassinat dont il s’était rendu le complice. Le fanatisme de l’ancien parlement avait soulevé contre lui tous les honnêtes gens, qui n’ont pu qu’applaudir à sa destruction. On se rappelait qu’un conseiller avait proposé, dans l’affaire du livre de l’Esprit, de profiter de l’occasion où l’on tenait un philosophe, et de lui faire donner la question, pour l’obliger à révéler ses complices et les secrets de sa secte. On savait qu’avant de se séparer, en septembre 1770, le parlement avait pris jour pour une assemblée de chambres, dans laquelle on aviserait aux moyens d’extirper la philosophie.