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Vie de M. turgot.


importantes : elle était liée avec la théorie entière de la nature de nos connaissances, et de celle de l’espèce de certitude à laquelle nous pouvons atteindre. C’était un grand pas dans la connaissance la plus intime de l’esprit humain, et presque le seul qu’on ait fait depuis Locke.

Dans ce même article, M. Turgot exposait comment, par l’usage seul de l’organe de la vue, on pourrait parvenir à se faire des notions de l’espace, et de la manière dont les corps y peuvent être ordonnés. Idée singulière et juste, par laquelle il rectifiait et perfectionnait encore les recherches de Locke et de ses disciples.

L’article Expansibilité renfermait une physique nouvelle. M. Turgot y explique en quoi consiste cette propriété qu’ont les fluides, d’occuper un espace indéfini en vertu d’une force toujours décroissante, et qui cesse d’agir lorsqu’une force opposée fait équilibre à son action. Il apprenait à distinguer l’évaporation des fluides, c’est-à-dire, la dissolution de leurs parties dans l’air, d’avec la vaporisation de ces parties lorsqu’elles passent de l’état de liquide à celui de fluide expansible. Il observait qu’à un même degré de chaleur, cette vaporisation avait lieu plus promptement et pour de plus grandes masses, à mesure que ces liquides étaient contenus par une moindre force ; en sorte que la vaporisation ne cesse, par exemple, dans un vase fermé et vide d’air, qu’au moment où la force expansive des parties déjà vaporisées est en équilibre avec celle qui produit la vaporisation. L’avantage de pouvoir distiller dans le