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LETTRE
À M. L’ABBÉ
SABBATIER DE CASTRES,
PAR UN THÉOLOGIEN DE SES AMIS.


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J’ai lu, Monsieur, votre beau Dictionnaire contre les ennemis de notre sainte religion. J’en ai été édifié ; mais comme intéressé dans la même œuvre, je prends la liberté de vous communiquer quelques observations.

Je sais, Monsieur, que la divine Écriture, la pratique des saints Pères et de tous les théologiens, nous enseignent qu’il est permis et même ordonné de calomnier les ennemis de Dieu ; mais il faut que ce soit avec adresse. La calomnie maladroite est un péché selon tous les casuistes. Or, Monsieur, vous n’êtes pas exempt de ce péché. Vous vous annoncez comme un homme qui veut préserver ses compatriotes d’une philosophie empoisonnée, qui tend à corrompre les mœurs et à détruire la religion.

Tout ce qui attaque la religion ou les mœurs doit donc vous être également odieux, quelque part qu’il se rencontre ; et en vous rendant sévère ou indulgent, au