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16 VIE UE M. TURGOT.

de commerce, à la construction des travaux publics ; les parties des mathématiques nécessaires pour savoir dans quel cas on peut faire un usage utile de ces sciences, et pour n’être pas embarrassé des calculs que les questions de physique, de commerce, de politique, rendent souvent nécessaires. Il avait approfondi les principes de la législation, de la politique, de l’administration, et ceux du commerce. Plusieurs de ses lettres, écrites alors, montrent non-seulement l’étendue de ses lumières, mais prouvent, si on les compare aux ouvrages alors connus, qu’il en devait à lui-même la plus giande partie.

Deux événements de sa vie, à cette époque, paraissent seuls devoir nous arrêter. Il avait été chargé d’examiner l’affaire d’un employé des fermes, poursuivi pour un crime par la justice, et qui avait eu le moyen de s’y souslraiie. M. Turgot, persuadé que cet homme était coupable, et que le devoir qu’il avait à remplir serait un devoir de rigueur, avait différé de s’en occuper. Cependant, après de longs délais, il commença l’affaire, et il trouva que l’accusé était innocent. Alors il se crut obligé de réparer le tort que ce délai avait pu lui causer ; et, sachant quels étaient les appointements dont il avail été privé pendant la durée du procès, il les lui remit exactement, et l’obligea de les recevoir, en ayant soin de ne mettre dans cette action que de la justice, et non de la générosité.

Forcé de juger de ces causes où la lettre de la loi semblait contraire au droit naturel, dont il reconnaissait la supériorité sur toutes les lois, il crut de-