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VIF. DE M. TURGOT.

la physique et les langues, entraient dans cette liste singulière. Il n’existe que le plan de quelques-uns de ces ouvrages ; et ces plans supposent des connaissances aussi vastes que variées, des vues neuves et profondes. Celte passion de l’étude aurait pu conduire un homme, né même avec moins de génie que lui, mais avec un caractère aussi supérieur à l’ambition, et une âme aussi éloignée de toute vanité, à ne désirer d’autre état que celui d’homme de lettres. M. Turgot pensait autrement. L’état où il pouvait être le plus utile, sans jamais être obligé de sacrifier ni la vérité, ni la justice, était celui qu’il se croyait obligé d’embrasser. Il préféra donc une charge de maître des requêtes aux autres places de la robe. Ministre du pouvoir exécutif dans un pays où l’activité de ce pouvoir s’étend sur tout ; agent du gouvernement dans les opérations sur les finances ou le commerce qui influent le plus sur la prospérité publique ; appelé plus sûrement que les membres d’aucun autre ordre aux premières places de l’administration, il est rare qu’un maître des requêtes n’ait une grande influence ou sur une province ou sur l’État entier, et que dans le cours de sa vie ses lumières ou ses préjugés, ses vertus ou ses vices, n’aient fait beaucoup de bien ou beaucoup de mal.

M. Turgot s’était préparé à suivre cette nouvelle carrière, en étudiant avec plus de soin les parties des sciences qui avaient plus de rapport aux fonctions et aux devoirs des maîtres des requêtes ; celles des sciences physiques qui s’appliquent à l’agriculture, aux manufactures, à la connaissance des objets