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Vie de M. Turgot

VIE DE M. TURGOT.

s’il n’est pas convenu dans la confédération que, sous aucun prétexte, il n’y aura d’autre taxe que celle qui doit être regardée comme la seule juste, une taxe directe sur le produit net des terres. En effet, chaque État contribuerait à raison de ses facultés, qui ne peuvent être alors un secret ; et il suffirait d’établir un moyen de corriger les défauts de proportion à certaines époques fixes. C’est aux préjugés, qui ont empêché d’établir exclusivement cette forme d’impôt, que sont dus les troubles qui divisent aujourd’hui l’Angleterre et l’Irlande. On peut attribuer presque uniquement à la même cause et aux mauvaises lois de commejce, la séparation de l’Angleterre d’avec ses colonies ; cai-, en politique comme poui- les autres sciences, l’erreur et la vérité, et par conséquent le bien et le mal qui en résultent, se tiennent et s’enchaînent mutuellement ; et un seul principe faux sur une seule pailie, suffit pour porter dans toutes l’eireur et le désordre.

Il y a, comme nous l’avons déjà observé, deux manières de compter les voix dans le conseil suprême de la confédération : l’une, par la pluralité des députés ; l’autre, par celle des cantons. La première doit être adoptée pour tout ce qui demande à la fois de la célérité et de la discussion. Dans les autres cas, il faut prendre la pluralité des cantons, dont les députés voteront alors suivant le vœu de leuis commettants. Enfin, pour que, dans les cas où ces députés votent d’après leur vœu particulier, ils n’abusent point de leur pouvoir, il faut que le corps chargé de les élire conserve le droit de les révoquer, sans