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Vie de M. Turgot

cation, comme leurs dispositions injustes, tendent à inspirer le désir de la iraude, à rendre les hommes ennemis, à leur créer des intérêts opposés. Partout elles ont favorisé l’inégalité des fortunes qui plonge une petite partie des citoyens dans la corruption, poui- condamner le reste à l’avilissement et à la misère.

Supposons maintenant ces législations remplacées par celle que la natuie et la raison nous indiquent. Tout doit nécessairement changer. Des lois sur les mariages, plus conformes à la nature, et des lois qui partageraient les successions entre tous les enfants, tendraient également à faire régner la paix dans les familles, et à diviser les fortunes avec plus d’égalité. La liberté du commerce et de l’industrie favoriserait cette distribution plus égale, et empêcherait en même temps la portion la plus pauvre et la plus faible delà société d’éprouver l’oppression et de gémir dans la dépendance des commerçants liches, des fabricants privilégiés. Un ordre d’impositions toujours simple, toujours exempt de vexation, rendrait à la fois de la douceur et de l’énergie à l’ame du peuple, dégradée ou révoltée par l’action toujours présente de la tyrannie fiscale. Alors on ne verrait plus ces fortunes de finance et de banque, source de luxe et de corruption pour celui qui les possède, et d’avilissement pour ceux qui lui portent envie ou qui se vendent à ses passions. La suppression de ces distinctions humiliantes entre les classes de citoyens qui perpétuent les richesses et l’orgueil de quelques familles, empêcherait une partie de la société de se