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lioimiie qui en blesse un auti’e, même dans le cas de la défense naturelle, n’esl pas coupable pour s’être défendu, mais pour s’être exposé à l’extrémité qui a rendu cette défense nécessaire. Les institutions sociales, en accablant les hommes sous des lois injustes, en les forçant de ménager à l’extérieur des opinions qu’ils méprisent au fond du cœur, et (pi’ils bravent dans leur conduite, ont détruit ce respect de la vérité, l’un des premieis liens de la société, l’une des premières sources du bonheur que les hommes peuvent devoir à leur union avec leurs semblables.

M. Tmgot pensait qu’on peut parvenir à fortifier dans les hommes leurs sentiments moraux, à les rendre plus délicats et plus justes, soit par l’exercice de ces sentiments, soit en apprenant à les soumettre à l’analyse d’une raison saine et éclairée. C’est par ce motif qu’il regardait les romans comme des livres de morale, et même, disait-il, comme les seuls où il eût vu de la morale. D’ailleurs, c’est là surtout que l’on voit le mieux l’influence de nos actions sur le bonheur et sur la conduite de ceux qui nous environnent, partie de la morale la plus importante et la plus négligée. Enfin, on chercherait vainement, dans les autres livres, des recherches faites avec une sorte de scrupule sur les moyens de réparer les fautes qu’on a pu commettre, autre partie de la morale non moins importante, puisque les crimes vraiment irréparables sont très-rares, et encore plus négligée, parce que, dans presque tous les pays, l’avarice et l’ambition des prêtres ont imaginé de sup-