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VIE DE VOLTAIRE.


Louis XIV, ou de ceux qui avaient vécu dans leur société, qu’il raconte un petit nombre d’anecdotes choisies avec discernement, parmi celles qui peignent l’esprit et le caractère des personnages et du siècle même. Les événements politiques ou militaires y sont racontés avec intérêt et avec rapidité : tout y est peint à grands traits. Dans des chapitres particuliers, il rapporte ce que Louis XIV a fait pour la réforme des lois ou des finances, pour l’encouragement du commerce et de l’industrie ; et on doit lui pardonner d’en avoir parlé suivant l’opinion des hommes les plus éclairés du temps où il écrivait, et non d’après des lumières qui n’existaient pas encore.

Ses chapitres sur le calvinisme, le jansénisme, le quiétisme, la dispute sur les cérémonies chinoises, sont les premiers modèles de la manière dont un ami prudent de la vérité doit parler de ces honteuses maladies de l’humanité, lorsque le nombre et le pouvoir de ceux qui en sont encore attaqués obligent de soulever avec adresse le voile qui en cache la turpitude. On peut lui reprocher seulement une sévérité trop grande contre les calvinistes, qui ne se rendirent coupables que lorsqu’on les força de le devenir, et dont les crimes ne furent, en quelque sorte, que les représailles des assassinats juridiques exercés contre eux dans quelques provinces.

Les découvertes dans les sciences, les progrès des arts, sont exposés avec clarté, avec exactitude, avec impartialité ; et les jugements toujours dictés par une raison saine et libre, par une philosophie indulgente et douce.