qu’en mettant sur le théâtre les prodiges d’une religion
étrangère, il fallait, par la magnificence, le ton
auguste et religieux du style, ne pas laisser à l’imagination le temps de se refroidir, montrer partout
les dieux qu’on voulait faire agir, et couvrir le ridicule d’un miracle, en présentant sans cesse l’idée
consolante d’un pouvoir divin, exerçant sur les
crimes secrets des princes une vengeance lente, mais
inévitable.
L’amour, révoltant dans Oreste était nécessaire dans Sémiramis. Il fallait que Ninias eût une amante, pour qu’il pût aimer Sémiramis, répondre à ses bontés, se sentir entraîné vers elle avant de la connaître pour sa mère, sans que l’horreur naturelle pour l’inceste se répandît sur le personnage qui doit exciter l’intérêt. Le style de Sémiramis, la majesté du sujet, la beauté du spectacle, le grand intérêt de quelques scènes, triomphèrent de l’envie et des cabales ; mais on ne rendit justice que longtemps après à Oreste et à Rome sauvée.
Peut-être même n’est-on pas encore absolument juste. Et si on songe que tous les collèges, toutes les maisons où se forment les instituteurs particuliers, sont dévoués au fanatisme ; que dans presque toutes les éducations on instruit les enfants à être injustes envers Voltaire, on n’en sera pas étonné.
Il fit ces trois pièces à Sceaux, chez madame la duchesse du Maine. Cette princesse aimait le bel esprit, les arts, la galanterie ; elle donnait dans son palais une idée de ces plaisirs ingénieux et brillants qui avaient embelli la cour de Louis XIV, et ennobli