puissant, la marquise de Pompadour, avec laquelle il
avait été lié lorsqu’elle était encore madame d’Étiolés.
Elle le chargea de faire une pièce pour le premier
mariage du Dauphin. Une charge de gentilhomme de
la chambre, le titre d’historiographe de France, et
enfin la protection de la cour, nécessaire pour empêcher
la cabale des dévots de lui fermer l’entrée
de l’Académie française, furent la récompense de cet
ouvrage. C’est à cette occasion qu’il fit ces vers :
Mon Henri quatre et ma Zaïre,
Et mon Américaine Alzire,
Ne m’ont valu jamais un seul regard du roi ;
J’eus beaucoup d’ennemis avec très-peu de gloire.
Les honneurs et les biens pleuvent enfin sur moi,
Pour une farce de la foire.
C’était juger un peu trop sévèrement la Princesse de
Navarre, ouvrage rempli d’une galanterie noble et
touchante.
Cependant la faveur de la cour ne suffisait pas pour lui ouvrir les portes de l’Académie. Il fut obligé, pour désarmer les dévots, d’écrire une lettre au père de Latour, où il protestait de son respect pour la religion, et, ce qui était bien plus nécessaire, de son attachement aux jésuites. Malgré l’adresse avec laquelle il ménage ses expressions dans cette lettre, il valait mieux sans doute renoncer à l’Académie, que d’avoir la faiblesse de l’écrire ; et cette faiblesse serait inexcusable, s’il avait fait ce sacrifice à la vanité de porter un titre qui, depuis longtemps, ne pouvait plus honorer le nom de Voltaire. Mais il le faisait à