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VIE DE VOLTAIRE.

duite, demander la paix, quand elle pouvait prétendre à en dicter les conditions.

Il revint alors à Paris, et rendit compte de son voyage. Le printemps suivant, le roi de Prusse déclara de nouveau la guerre à la reine de Hongrie, et, par cette diversion utile, força ses troupes d’évacuer l’Alsace. Ce service important, celui d’avoir pénétré, en passant à la Haye, les dispositions des Hollandais, encore incertaines en apparence, n’obtint à Voltaire aucune de ces marques de considération dont il eût voulu se faire un rempart contre ses ennemis littéraires.

Le marquis d’Argenson fut appelé au ministère. Il mérite d’être compté parmi le petit nombre des gens en place qui ont aimé véritablement la philosophie et le bien public. Son goût pour les lettres l’avait lié avec Voltaire. Il l’employa plus d’une fois à écrire des manifestes, des déclarations, des dépêches, qui pouvaient exiger, dans le style, de la correction, de la noblesse et de la mesure.

Tel fut le manifeste qui devait être publié par le prétendant à sa descente en Écosse, avec une petite armée française que le duc de Richelieu aurait commandée. Voltaire eut alors l’occasion de travailler avec le comte de Lalli, jacobite zélé, ennemi acharné des Anglais, dont il a depuis défendu la mémoire avec tant de courage, lorsqu’un arrêt injuste, exécuté avec barbarie, le sacrifia au ressentiment de quelques employés de la Compagnie des Indes.

Mais il eut, dans le même temps, un appui plus