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VIE DE VOLTAIRE.


homme très-aimable ; mais il résista aux offres qu’il lui fit pour l’attirer auprès de lui, et préféra l’amitié de madame du Châtelet à la faveur d’un roi, et d’un roi qui l’admirait.

Le roi de Prusse déclara la guerre à la fille de Charles VI, et profita de sa faiblesse pour faire valoir d’anciennes prétentions sur la Silésie. Deux batailles lui en assurèrent la possession. Le cardinal de Fleury, qui avait entrepris la guerre malgré lui, négociait toujours en secret. L’impératrice sentit que son intérêt n’était pas de traiter avec la France, contre laquelle elle espérait des alliés utiles, qui se chargeraient des frais de la guerre, tandis que, si elle n’avait plus à combattre que le roi de Prusse, elle resterait abandonnée à elle-même, et verrait les vœux et les secours secrets des mêmes puissances se tourner vers son ennemi. Elle aima mieux étouffer son ressentiment, instruire le roi de Prusse des propositions du cardinal, le déterminer à la paix par cette confidence, et acheter, par le sacrifice de la Silésie, la neutralité de l’ennemi le plus à craindre pour elle.

La guerre n’avait pas interrompu la correspondance du roi de Prusse et de Voltaire. Le roi lui envoyait des vers du milieu de son camp, en se préparant à une bataille, ou pendant le tumulte d’une victoire ; et Voltaire, en louant ses exploits, en caressant sa gloire militaire, lui prêchait toujours l’humanité et la paix.

Le cardinal de Fleury mourut. Voltaire avait été assez lié avec lui, parce qu’il était curieux de con-