Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/643

Cette page n’a pas encore été corrigée
629
SUR VOLTAIRE.


avec tant d’humeur, et qui avaient eux-mêmes besoin d’indulgence pour des opinions bien moins excusables.


Sur l’opinion de Voltaire, que les académies servent à entretenir ce feu que les grands génies ont allumé [1].


Les académies des sciences sont encore utiles : 1° pour empêcher le public, et surtout les gouverneurs, d’être la dupe des charlatans dans les sciences ; 2° pour faire exécuter certains travaux, entreprendre certaines recherches dont le résultat ne peut devenir utile qu’au bout d’un long temps, et qui ne peuvent procurer de gloire à ceux qui s’en occupent. Comme tout ce qui n’exige, pour être découvert, que de la méditation et du génie, doit s’épuiser en peu de temps, ces travaux obscurs préparent, pour les générations qui suivent, des matériaux nécessaires pour de nouvelles découvertes.


Sur l’opinion de Voltaire, que longue dispute signifie, LES DEUX PARTIS ONT TORT[2].


Une erreur générale et populaire, qu’un parti riche et puissant est intéressé à soutenir, peut résister longtemps aux attaques de la vérité. Il en est de même de quelques mérités politiques, directement contraires aux intérêts de certaines classes qui vivent, dans tous les pays, des erreurs du gouvernement et de la misère du peuple. Ces vérités ne peuvent s’établir

  1. Tome XLIII, p. 191.
  2. Tome XLIII, p. 175.