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SUR VOLTAIRE.


est au pouvoir du rebut de l’espèce humaine d’humilier ceux qui eu sont la gloire et la consolation ; mais les inquisiteurs ont eu la barbarie, pour faire montre de leur puissance, de faire brûler vive une malheureuse femme accusée de quiétisme. Dans le même temps à peu près, l’inquisition de Lisbonne ne condamnait qu’à la prison des hommes convaincus d’athéisme. C’est que l’inquisition fait grâce de la vie à ceux qu’elle ne suppose pas relaps ; mais elle a, dans son abominable procédure, des moyens de trouver relaps tous ceux dont la mort est utile aux passions et à l’intérêt du grand inquisiteur.

Dans un auto-da-fé solennel, où le roi Charles II eut la faiblesse d’assister, en 1680, et où l’on brûla vingt et une personnes, douze desquelles avaient des bâillons, le moine qui prononça le sermon eut l’insolence de parler des sacrifices humains, offerts aux dieux du Mexique ; mais il assura que si ces sacrifices déplaisaient à Dieu dans Mexico, ceux du même genre qu’on offrait en Espagne lui étaient fort agréables.


Sur la pensée de Voltaire, que plus les lois de convention se rapprochent de la loi naturelle, et plus la vie est supportable [1].


Voilà une grande vérité, très-peu connue, mais dite si simplement, que les lecteurs frivoles ne l’ont pas remarquée, et ont continué à répéter que M. de Voltaire était un philosophe superficiel, parce qu’il n’était ni déclamateur, ni énigmatique.

  1. Tome, XXXVI, p.266.