les différentes lois, on verra que les unes tendent
à maintenir ces droits, que les autres y donnent
atteinte, que les unes sont conformes à l'intérêt
général, que les autres y sont contraires. Elles sont
donc ou justes ou injustes par elles-mêmes. Il ne
suffit donc pas que la société soit réglée par des lois, il faut que ces lois soient justes. Il ne suffit pas que les individus se conforment aux lois établies, il faut que ces lois elles-mêmes se conforment à ce qu’exige le maintien du droit de chacun.
Dire qu’il est arbitraire de faire cette loi ou une loi contraire, ou de n’en pas faire du tout, c’est seulement avouer qu’on ignore si cette loi est conforme ou contraire à la justice. Un médecin peut dire : Il est indifférent de donner à ce malade de l’émétique ou de l’ipécacuanha ; mais cela signifie : Il faut lui donner un vomitif, et j’ignore lequel des deux remèdes convient le mieux à son état. Dans la législation, comme dans la médecine, comme dans les travaux des arts physiques, il n’y a de l’arbitraire que parce que nous ignorons les conséquences de deux moyens, qui dès lors nous paraissent indifférents. L’arbitraire nait de notre ignorance, et non de la nature des choses.
Ce raisonnement nous paraît sujet à plusieurs difficultés. 1° Ce pouvoir, si l’homme venait à l’acquérir,
- ↑ Tome, XXXII, p. 90.