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SUR VOLTAIRE.


Sur la dissertation de Voltaire, relative aux changements arrivés dans notre globe [1].


Cette dissertation parut en 1749. L’histoire naturelle avait fait en France peu de progrès : l’existence des coquilles fossiles était cependant connue depuis très-longtemps ; mais il faut avouer, 1° que l’on rangeait alors au nombre des productions de la mer, trouvées dans l’intérieur des terres, un grand nombre de substances dont les analogues vivants sont inconnus ; 2° que l’on avait décidé un peu légèrement que les coquilles fossiles d’un pays étaient les dépouilles d’animaux placés aujourd’hui dans les mers d’une portion du globe très-éloignée ; 3° que l’on mettait au nombre des coquilles fossiles plusieurs corps, dont l’origine est encore absolument incertaine ; 4° qu’on regardait comme l’ouvrage de la mer les dépôts et les vallées, qui sont évidemment celui des fleuves. Depuis ce temps, des observations plus suivies ont appris que l’on doit regarder les substances calcaires répandues sur le globe, à quelque profondeur ou à quelque élévation qu’elles se trouvent, comme formées par le débris d’animaux engloutis dans les eaux ; que les empreintes, les noyaux de ces coquilles, se retrouvent dans les craies et dans les silex ; qu’un très-grand nombre de silex doit même sa forme à un corps marin détruit, et dont la substance du silex a rempli la place. Les eaux ont donc couvert successivement ou à la fois

  1. Tome XXXI, p. 375.