Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/621

Cette page n’a pas encore été corrigée
607
SUR VOLTAIRE.


Sur ces vers[1].


Je te rends grâce, ô Mars ! Dieu de sang, Dieu cruel,
Guerchy n’est point frappé, la vertu peut te plaire.


Régnier de Guerchy, d’une ancienne famille de Bourgogne, et dont un des ancêtres avait été tué à la Saint-Barthélemi (voyez la Henriade, chant II), fut fait colonel du régiment du roi après la bataille. Il le commanda pendant la guerre dernière, et se signala surtout à la retraite de Crevelt, où il sauva l’hôpital des blessés, et à celle de Minden. Sa valeur, une humanité dans la guerre, rare même dans ce siècle, son amour de l’ordre et de la discipline, une probité également incorruptible dans les armées, à la cour et dans les affaires ; le soin qu’il prenait de former, dans son régiment, des sujets utiles à la patrie, soit dans la carrière politique, soit dans l’état militaire ; enfin, la réunion de toutes les qualités d’un brave officier, d’un honnête homme et d’un bon citoyen, ont vérifié ce jugement de M. de Voltaire, qui ne pouvait être alors qu’une espèce de prophétie. Il fut nommé ambassadeur en Angleterre après la dernière paix.

Nous nous sommes fait un devoir de rendre ici justice à la mémoire de M. le comte de Guerchy, parce qu’il a été calomnié, à la fin de sa vie et depuis sa mort, par un de ces êtres vils qui, à force d’impudence et de méchanceté, parviennent quelquefois à se donner une existence, et acquièrent, par leurs

  1. Tome XII, p. 242.