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SUR VOLTAIRE.


soin, dans le poëme, de présenter l’exemple de Judith à Jacques Clément, à l’imitation des prédicateurs de la ligue, qui se servaient de l’Écriture sainte pour prêcher le parricide.

Nous citerons ici le passage d’un livre fait par un jacobin, et imprimé à Troyes, chez M. Moreau, peu de temps après la mort de Henri III.

« De façon que Dieu exauçant la prière de cestui serviteur, nommé fière Jacques Clément, une nuit, comme il étoit en son lit, lui envoie son ange en vision, lequel avec grande lumière se présente à ce religieux, et lui montrant un glaive nud, lui dit ces mots : Frère Jacques, je suis messager du Dieu tout-puissant, qui te viens acertener, que par toi le tyran de France doit être mis a mort. Pense donc à toi, et te prépare comme la couronne du martyre t’est aussi préparée.

« Cela dit, la vision se disparut, et le laissa rêver à telles paroles véritables. Le matin venu, frère Jacques se remet devant les veux l’apparition précédente ; et, douteux de ce qu’il devoit faire, s’adresse à un sien ami, aussi religieux, homme fort scientifique, et bien versé en la sainte Écriture, auquel il déclare franchement sa vision, lui demandant d’abondant si c’étoit chose désagréable à Dieu, de tuer un roi qui n’a ni foi, ni religion, et qui ne cherche que l’oppression de ses pauvres sujets, étant altéré du sang innocent, et regorgeant en vices, autant qu’il est possible. A quoi l’honnête homme fit réponse que véritablement il nous étoit défendu de Dieu estroitement d’être homicides ; mais d’autant