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NOTES



Sur ce vers du C. 5[1] :


Ses sacrilèges vœux au ciel sont adressés.


L’on imprima et l’on débita publiquement une relation du martyre de frère Jacques Clément, dans laquelle on assurait qu’un ange lui avait apparu, et lui avait ordonné de tuer le tyran, en lui montrant une épée nue. Il est resté depuis un soupçon dans le public, que quelques confrères de Jacques Clément, abusant de la faiblesse de ce misérable, lui avaient eux-mêmes parlé pendant la nuit, et avaient aisément troublé sa tête, échauffée par le jeûne et par la superstition. Quoi qu’il en soit, Clément se prépara au parricide, comme un bon chrétien ferait au martyre, par les mortifications et par la prière. On ne peut douter qu’il n’y eût de la bonne foi dans son crime ; c’est pourquoi on a pris le parti de le représenter plutôt comme un esprit faible, séduit par sa simplicité, que comme un scélérat déterminé par son mauvais penchant.

Jacques Clément sortit de Paris le dernier juillet 1589, et fut mené à Saint-Cloud par la Guèle, procureur général. Celui-ci, qui soupçonnait un mauvais coup de la part de ce moine, l’envoya épier pendant la nuit dans l’endroit où il était retiré. On le trouva dans un profond sommeil ; son bréviaire était auprès de lui, ouvert et tout gras, au chapitre du meurtre d’Holopherne par Judith. On a eu

  1. Tome X, p. 243.