ils ont l’avantage de renfermer une philosophie plus
vraie, plus douce, plus usuelle. La variété des tons,
une sorte d’abandon, une sensibilité touchante, un
enthousiasme toujours noble, toujours vrai, leur
donne un charme que l’esprit, l’imagination et le
cœur goûtent tour à tour ; charme dont Voltaire a seul
connu le secret ; et ce secret est celui de toucher, de
plaire, d’instruire sans fatiguer jamais, d’écrire pour
tous les esprits comme pour tous les âges. Souvent
on y voit briller des éclairs d’une philosophie profonde
qui, presque toujours exprimée en sentiment
ou en image, paraît simple et populaire : talent
aussi utile, aussi rare que celui de donner un air de
profondeur à des idées fausses et triviales, est commun
et dangereux.
En quittant la lecture de Pope, on admire son talent et l’adresse avec laquelle il défend son système ; mais l’âme est tranquille, et l’esprit retrouve bientôt toutes ses objections plutôt éludées que détruites. On ne peut quitter Voltaire sans être encouragé ou consolé, sans emporter, avec le sentiment douloureux des maux auxquels la nature a condamné les hommes, celui des ressources qu’elle leur a préparées.
La Vie de Charles XII est le premier morceau d’histoire que Voltaire ait publié. Le style, aussi rapide que les exploits du héros, entraîne dans une suite non interrompue d’expéditions brillantes, d’anecdotes singulières, d’événements romanesques, qui ne laissent reposer ni la curiosité ni l’intérêt. Rarement quelques réflexions viennent interrompre le récit ; l’auteur s’est oublié lui-même pour faire