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SUR VOLTAIRE.

de la fable est une règle établie et suivie, non-seulement dans tous les poèmes, mais dans tous les romans. Ils sont remplis d’aventures qui, à la vérité, ne sont pas rapportées dans l’histoire, mais qui ne sont pas démenties par elle. Il suffit, pour établir le voyage de Henri en Angleterre, de trouver un temps où l’histoire ne donne point à ce prince d’autres occupations. Or il est certain qu’après la mort des Guise, Henri a pu faire ce voyage, qui n’est que de quinze jours au plus, et qui peut aisément être de huit. D’ailleurs cet épisode est d’autant plus vraisemblable, que la reine Elisabeth envoya effectivement six mois après, à Henri le Grand, quatre mille Anglais ; de plus, il faut remarquer que Henri IV, le héros du poème, est le seul qui puisse conter dignement l’histoire de la cour de France, et qu’il n’y a guère qu’Elisabeth qui puisse l’entendre. Enfin il s’agit de savoir si les choses que se disent Henri IV et la reine Elisabeth sont assez bonnes pour excuser cette fiction dans l’esprit de ceux qui la condamnent, et pour autoriser ceux qui l’approuvent.


Sur ce vers du C. 4[1] :


Parmi ces combattants ennemis de leur maître,
Un frère de Joyeuse osa longtemps paraître.


Henri, comte de Bouchage, frère puîné du duc de Joyeuse, tué à Coutras.

  1. Tome X, p. 232.