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NOTES


assassinat, parce que Saint-Maigrin s’était vanté d’avoir couché avec la duchesse de Guise. Les mémoires du temps rapportent que le duc de Mayenne fut reconnu parmi les assassins, à sa barbe large et à sa main faite en épaule de mouton. Le duc de Guise ne passait pourtant point pour un homme trop sévère sur la conduite de sa femme ; et il n’y a pas d’apparence que le duc de Mayenne, qui n’avait jamais fait aucune action de lâcheté, se fût avili jusqu’à se mêler dans une troupe de vingt assassins, pour tuer un seul homme.

Le roi baisa Saint-Maigrin, Quélus et Maugiron après leur mort, les fit raser, et garda leurs blonds cheveux ; il ôta de sa main, à Quélus, des boucles d’oreilles qu’il lui avait attachées lui-même. M. de l’Étoile dit que ces trois mignons moururent sans aucune religion ; Maugiron en blasphémant, Quélus en disant à tout moment : Ah ! mon roi, mon roi ! sans dire un seul mot de Jésus-Christ ni de la Vierge. Ils furent enterrés à Saint-Paul : le roi leur fit élever dans cette église trois tombeaux de marbre, sur lesquels étaient leurs figures, à genoux ; leurs tombeaux furent chargés d’épitaphes, en prose et en vers, en latin et en français : on y comparait Maugiron à Horatius Coclès et à Annibal, parce qu’il était borgne comme eux. On ne rapporte point ici ces épitaphes, quoiqu’elles ne se trouvent que dans les antiquités de Paris, imprimées sous le règne de Henri III il n’y a rien de remarquable ni de trop bon dans ces monuments ; ce qu’il y a de meilleur est l'épitaphe de Quélus :