Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/602

Cette page n’a pas encore été corrigée
588
NOTES


rinages, et se donnait la discipline. Il institua la confrérie de la mort, soit pour la mort d’un de ses mignons, soit pour celle de la princesse de Condé, sa maîtresse : les capucins et les minimes étaient les directeurs des confrères, parmi lesquels il admit quelques bourgeois de Paris ; ces confrères étaient vêtus d’une robe d’étamine noire avec un capuchon. Dans une autre confrérie toute contraire, qui était celle des pénitents blancs, il n’admit que ses courtisans. Il était persuadé, aussi bien que certains théologiens de son temps, que ces momeries expiaient les péchés d’habitude : on tient que les statuts de ces confrères, leurs habits, leurs règles, étaient des emblèmes de ses amours, et que le poëte Desportes, abbé de Tyron, l’un des plus fins courtisans de ce temps-là, les avait expliqués dans un livre, qu’il jeta depuis au feu.

Henri III vivait, d’ailleurs, dans la mollesse et dans l’afféterie d’une femme coquette ; il couchait avec des gants d’une peau particulière pour conserver la beauté de ses mains, qu’il avait effectivement plus belles que toutes les femmes de sa cour ; il mettait sur son visage une pâte préparée et une espèce de masque par-dessus : c’est ainsi qu’en parle le livre des Hermaphrodites, qui circonstancie les moindres détails sur son coucher, sur son lever et sur ses habillements. Il avait une exactitude scrupuleuse sur la propreté dans la parure : il était si attaché à ces petitesses, qu’il chassa un jour le duc d’Espernon de sa présence, parce qu’il s’était présenté devant lui sans escarpins blancs et avec un habit mal boutonné.