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SUR VOLTAIRE.


goût de M, de Voltaire pour l’Arioste, que nous lui devons Tancrède. Il était impossible qu’un aussi grand artiste ne vît dans l’Histoire d'Ariodant et de Genèvre, un bloc précieux d’où devait sortir une belle tragédie. C’est une des pièces du théâtre français qui fait le plus d’effet à la représentation, et peut-être celle de toutes où l’on trouve un plus grand nombre de vers et de situation d’une sensibilité profonde et passionnée.


Sur ce vers de la Henriade, C. I[1] :
Quélus et Saint-Maigrin, Joyeuse et d’Espernon.


C’étaient eux qu’on appelait les mignons de Henri III. Saint-Luc, Livarot, Villequier, Duguast et Maugiron eurent part aussi, et à sa faveur, et à ses débauches. Il est certain qu’il eut pour Quélus une passion capable des plus grands excès. Dans sa première jeunesse on lui avait déjà reproché ses goûts ; il avait eu une amitié fort équivoque pour ce même duc de Guise qu’il fit depuis tuer à Blois. Le docteur Boucher, dans son livre de justa Henrici tertii abdicatione, ose avancer que la haine de Henri III pour le cardinal de Guise, n’avait d’autre fondement que les refus qu’il en avait essuyés dans sa jeunesse ; mais ce conte ressemble à toutes les autres calomnies dont le livre de Boucher est rempli.

Henri III mêlait avec ses mignons la religion à la débauche ; il faisait avec eux des retraites, des pèle-

  1. Tome X, p. 203, n° 4.