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NOTES


Cette perfection ne pouvait être que le fruit du temps, de l’étude des grands modèles, et surtout de l’étude de leurs fautes.


Sur ces vers d'Aménaïde dans la même pièce [1]:

L’injustice à la fin produit l’indépendance.


On a cru reconnaître dans ce vers le sentiment qu’une longue suite d’injustices avait du produire dans l’âme de l’auteur ; comme dans ceux-ci :

Proscrit dès le berceau, nourri dans le malheur,
Moi toujours éprouvé, moi qui suis mon ouvrage,
Qui d’États en États ai porté mon courage,
Qui partout de l’envie ai senti la fureur,
Depuis que je suis né, j’ai vu la calomnie
Exhaler les venins de sa bouche impunie,
Chez les républicains comme à la cour des rois.


On a cru reconnaître encore le sentiment d’un grand homme, qui, après avoir été privé de la liberté dans sa jeunesse, pour des vers qu’il n’avait point faits, forcé de fuir en Angleterre la haine des bigots, d’aller oublier à Berlin les cabales des gens de lettres, et la haine que les gens en place portent sourdement à tout homme supérieur ; qui, après avoir été enfin obligé de quitter Berlin par les intrigues d’un géomètre médiocre, jaloux d’un grand poète, retrouvait à Genève les monstres qui l’avaient persécuté à Paris, à Berlin, la superstition et l’envie.

Remarquons ici que c’est vraisemblablement au

  1. Tome IV, p. 442.