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NOTES


satiété d’une âme épuisée par des passions violentes ; et l’autre peint un conquérant, et le vide d’un cœur quia conservé sa sensibilité et son énergie.


Sur cette réflexion de Voltaire, dans l’Épître à madame de Pompadour, à la tête de TANCRÈDE : Qu’il vaut mieux fertiliser la terre, que de se plaindre, à Paris, de sa stérilité [1].


La France était alors obérée et surchargée d’impôts, mais les campagnes étaient cultivées ; et si l’on avait comparé la masse des impôts avec la somme du produit net des terres, peut-être l’aurait-on trouvée dans une moindre proportion que du temps de Charles IX, de Henri III, ou même de Henri IV. Si on avait comparé de même la somme de ce produit net au nombre des hommes employés à la culture, on l’aurait trouvée dans un rapport plus grand. Il résulte de cette seconde comparaison, qu’il pouvait y avoir, en 1760^ plus de valeurs réelles qu’on pouvait employer à payer la main d’œuvre des travaux d’industrie et de construction, que dans des temps regardés comme plus heureux. L’impôt est injuste lorsqu’il excède les dépenses nécessaires, et strictement nécessaires à la prospérité publique : il est alors un véritable vol aux contribuables. Il est injuste encore lorsqu’il n’est pas distribué proportionnellement aux propriétés de chacun. Il est tyrannique lorsque sa forme assujettit les citoyens à des gênes ou à des vexations inutiles ; mais il n’est destructeur de la richesse natio-

  1. Tome IV, p.441