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SUR VOLTAIRE.


temnestre. Observons que dans Iphigénie un père égorge sa fille pour faire changer le vent ; qu’aucun personnage, dans la pièce, ne s’élève contre cet absurde fanatisme ; que Clytemnestre trouve qu’il serait plus naturel d’immoler la fille d’Hélène, puisqu’en fin c’est Hélène qui est coupable : tant les idées superstitieuses qu’on a reçues dans l’enfance familiarisent les hommes avec les principes les plus absurdes, non-seulement des superstitions régnantes, mais même des superstitions qui n’existent plus !


Sur ces vers de Gengis dans la même pièce [1]:


Ce cœur lassé de tout, demandait une erreur
Qui put de mes ennuis chasser la nuit profonde.


On peut comparer cette situation de Gengis à celle d’Auguste, et ces vers de l'Orphelin à ceux-ci de Cinna :


Et comme notre esprit, jusqu’au dernier soupir,
Toujours vers quelque objet pousse quelque désir,
Il se ramène en soi n’ayant plus où se prendre ;
Et monté sur le faîte, il aspire à descendre.


Rien ne forme plus le goût, comme le remarque M. de Voltaire, que ces comparaisons, lorsque surtout deux hommes d’un génie égal, mais très-différent, ont à exprimer un même fonds d’idées, dans des circonstances et avec des accessoires qui ne sont pas les mêmes. Ici, l’un peint un tyran, et la

  1. Tome IV, p. 350.