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SUR VOLTAIRE.



Sur ces vers de Clodius, dans Catilina[1]:


Et cet homme inconnu, ce fils heureux du sort,
Condamne insolemment ses maîtres à la mort.


A cette époque, aucun citoyen romain ne pouvait être condamné à mort qu’en violant les lois. Cicéron, avant de faire de l’autorité illimitée qu’il avait reçue, un usage contraire à une loi respectée dans Rome, et chère au peuple, consulta le sénat. Ce fut dans cette occasion que César et Caton prononcèrent deux discours : Caton, pour prouver la nécessité de faire mourir les conjurés ; César, pour proposer de les renfermer seulement dans quelques villes d’Italie. Ces discours nous ont été transmis par Salluste. On ignore, à la vérité, si ce sont réellement ceux que César et Caton ont prononcés dans le sénat, ou des discours de l’invention de Salluste, suivant l’usage des anciens historiens.

Il est à remarquer que César, souverain pontife, dit, en plein sénat, dans ce discours, qu’il ne faut pas punir de mort les conjurés, parce que la mort leur ôtera le sentiment de toutes les peines, et celui de leur opprobre, qu’elle serait une grâce plutôt qu’un supplice : il nie hautement les peines après la mort. Soit que César ait fait ce discours, soit que Salluste, auteur contemporain, l’ait attribué au souverain pontife, il en résulte également que les idées religieuses des anciens Romains étaient bien diffé-

  1. Tome IV, p. 267.