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NOTES



VOLTAIRE.


Sur plusieurs de ses ouvrages[1].


TRAGÉDIE DE MAHOMET.


Sur ce vers de Zopire à Séide, qui paraissait étonné que l’ennemi de son Dieu connût la vertu :


Tu la connais bien peu, puisque tu t’en étonnes.


C’est la seule bonne réponse à tous ceux qui croient, ou font semblant de croire qu’il n’y a de vertu que parmi les hommes qui pensent comme eux. Ce vers renferme un sens profond. Un homme, en effet, qui pense que pour avoir de la justice, de l’humanité, de la générosité, il faut croire une telle opinion spéculative, imaginer que dans un autre monde on sera payé de cette action, savoir même précisément comment on sera payé ; un tel homme regarde nécessairement la vertu comme une chose peu naturelle à l’espèce humaine, ne connaît pas les véritables motifs qui inspirent les actions vertueuses aux âmes nées pour la vertu. Enfin, les bonnes actions qu’il a pu faire n’ont été inspirées que par des motifs étrangers, ou bien il n’a pas su démêler le principe de ses propres actions. Tel est le sens de ce vers, le plus philosophique peut-être, et le plus vrai de la pièce.

  1. Voltaire, tome III, p. 213.