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SUR VOLTAIRE.


TONTINES.


Rentes viagères [1].


Il y avait des tontines en France ; l’abbé Terray en supprima les accroissements : la crainte qu’il n’ait des imitateurs empêchera sans doute, à l’avenir, de se fier à cette espèce d’emprunt, et son injustice aura du moins délivré la France d’une opération de finance si onéreuse.

Les emprunts en rentes viagères ont de grands inconvénients :

1° Ce sont des annuités dont le terme est incertain ; l’État joue contre les particuliers ; mais ils savent mieux conduire leur jeu : ils choisissent des enfants mâles dans un pays où la vie moyenne est longue, les font inoculer, les attachent à leur patrie, et à des métiers sains et non périlleux, par une petite pension, et distribuent leurs fonds sur un certain nombre de ces têtes ;

2° Comme il y a du risque à courir, les joueurs veulent jouer avec avantage, et, par conséquent, si l’intérêt commun d’une renie perpétuelle est cinq pour cent, il faut que celui de la rente viagère soit au-dessus de cinq pour cent. En calculant, à la rigueur, la plupart des emprunts de ce genre, faits depuis vingt ans, ce qui n’a encore été exécuté par personne, on serait étonné de la différence entre le taux de ces emprunts et le taux commun de l’intérêt de l’argent ;

  1. Voltaire, tome XXXV, p. 110.