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SUR VOLTAIRE.


que les soins qu’on y prendrait des accouchées ne fussent point bornés à quelques jours ; qu’elles pussent, si elles n’avaient point d’autre ressource, rester dans l’hôpital comme ouvrières ou comme nourrices. On pourrait, en retenant les enfants dans ces maisons jusqu’à un âge fixé, et en leur apprenant des métiers, et surtout les métiers nécessaires à la consommation de la maison, en y attachant des jardins, des terres qu’ils cultiveraient, rendre leur éducation très-peu coûteuse ; épargner même de quoi donner des dots aux garçons et aux filles, si, en sortant de la maison, ils se mariaient à une fille ou à un garçon qui y aurait été élevé comme eux. Ces mariages auraient l’avantage d’épargner à ces infortunés les dégoûts auxquels leur état les expose parmi le peuple. Au lieu d’empêcher les legs faits aux bâtards, il faudrait que la loi accordât à tout bâtard reconnu une portion dans les biens du père et de la mère. Il faudrait permettre les dispositions en faveur des concubines, ou mères d’un enfant reconnu, ou résidant dans la maison d’un homme libre ; défendre aux juges d’admettre, dans aucun cas, contre une donation, l’allégation qu’elle a eu pour cause une liaison de ce genre ; ne point avoir d’autres lois, une autre police contre les courtisanes que contre les autres citoyens domiciliés. Telles sont les seules lois de ce genre qui pourraient empêcher la corruption des mœurs qu’entraîne l’inégalité des fortunes. Mais celles que la bigoterie, la tyrannie des pères de famille, le mépris pour la faiblesse et l’indigence, et surtout l’avidité des gens de police ont imaginées,