que les soins qu’on y prendrait des accouchées ne
fussent point bornés à quelques jours ; qu’elles
pussent, si elles n’avaient point d’autre ressource,
rester dans l’hôpital comme ouvrières ou comme
nourrices. On pourrait, en retenant les enfants dans
ces maisons jusqu’à un âge fixé, et en leur apprenant
des métiers, et surtout les métiers nécessaires à la
consommation de la maison, en y attachant des jardins,
des terres qu’ils cultiveraient, rendre leur éducation
très-peu coûteuse ; épargner même de quoi
donner des dots aux garçons et aux filles, si, en
sortant de la maison, ils se mariaient à une fille ou
à un garçon qui y aurait été élevé comme eux. Ces
mariages auraient l’avantage d’épargner à ces infortunés les dégoûts auxquels leur état les expose parmi le peuple. Au lieu d’empêcher les legs faits aux bâtards, il faudrait que la loi accordât à tout bâtard
reconnu une portion dans les biens du père et de la
mère. Il faudrait permettre les dispositions en faveur
des concubines, ou mères d’un enfant reconnu, ou
résidant dans la maison d’un homme libre ; défendre
aux juges d’admettre, dans aucun cas, contre
une donation, l’allégation qu’elle a eu pour cause
une liaison de ce genre ; ne point avoir d’autres lois,
une autre police contre les courtisanes que contre
les autres citoyens domiciliés. Telles sont les seules
lois de ce genre qui pourraient empêcher la corruption
des mœurs qu’entraîne l’inégalité des fortunes.
Mais celles que la bigoterie, la tyrannie des pères de
famille, le mépris pour la faiblesse et l’indigence, et
surtout l’avidité des gens de police ont imaginées,
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