Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée
42
VIE DE VOLTAIRE.

Le prix fut donné à l’illustre Euler, par qui, dans la carrière des sciences, il n’était humiliant pour personne d’être vaincu. Madame du Châtelet avait concouru en même temps que son ami, et ces deux pièces obtinrent une mention très-honorable.

La dispute sur la mesure des forces occupait alors les mathématiciens. Voltaire, dans un mémoire présenté à l’Académie, et approuvé par elle, prit le parti de Descartes et de Newton contre Leibnitz et les Bernoulli, et même contre madame du Châtelet, qui était devenue leibnitzienne.

Nous sommes loin de prétendre que ces ouvrages puissent ajouter à la gloire de Voltaire, ou même qu’ils puissent lui mériter une place parmi les savants ; mais le mérite d’avoir fait connaître, aux Français qui ne sont pas géomètres, Newton, le véritable système du monde, et les principaux phénomènes de l’optique, peut être compté dans la vie d’un philosophe.

Il est utile de répandre dans les esprits des idées justes sur des objets qui ne semblent appartenir qu’aux sciences, lorsqu’il s’agit ou de faits généraux, importants dans l’ordre du monde, ou de faits communs qui se présentent à tous les yeux. L’ignorance absolue est toujours accompagnée d’erreurs, et les erreurs en physique servent souvent d’appui à des préjugés d’une espèce plus dangereuse. D’ailleurs, les connaissances physiques de Voltaire ont servi son talent pour la poésie. Nous ne parlons pas seulement ici des pièces où il a eu le mérite rare d’exprimer en vers des vérités précises sans les défigurer, sans cesser