croyaient avoir, de se ménager l’appui du pape pour
leurs guerres d’Italie, et ils se disputèrent à qui lui
immolerait le plus de victimes humaines. Cependant,
ni la protection du pape, ni les États qu’ils se disputaient, ne pouvaient augmenter leur puissance
réelle autant que la réunion à leur domaine des bénéfices inutiles. La sécularisation des évêchés et des abbayes d’Allemagne eût donné à Charles, dans
l’Empire, une puissance plus grande que celle qu’il
se flatta vainement d’acquérir, en allumant les guerres
funestes qui ont manqué deux fois de causer la ruine
de sa maison. Le récit de la diète de Nuremberg en
1623, et sa réponse au pape, prouvent que Charles
eût alors été le maître d’établir la réforme, sans exciter le moindre trouble. Peut-être l’opinion
eût-elle eu la force de l’emporter sur la mauvaise politique de ces princes ; mais malheureusement une grande partie de ceux qui dominaient alors sur les opinions restèrent attachés à la religion romaine, qu’ils méprisaient au fond du cœur autant que les subtilités théologiques des nouveaux sectaires ; les uns par crainte, par amour de la paix ; d’autres dans l’idée que la réforme des abus devait être la suite infaillible, mais tranquille, du progrès des lumières, et qu’il ne fallait pas se hâter, de peur de tout perdre. Ils se trompèrent, et leur indifférence ou leur erreur a plongé l’Europe dans des malheurs auxquels nulle autre époque de l’histoire ne présente rien de comparable.
A la vérité, l’intolérance des protestants rend plus excusable la conduite de ceux qui refusèrent de se